Est-il temps de changer professionnellement ?
Jean-Yves Mercier

Est-il temps de changer professionnellement ?

Jean-Yves Mercier

Lorsque nous envisageons d’entreprendre un changement professionnel, pouvons-nous nous assurer que nous empruntons la bonne voie ? Et surtout, pouvons-nous nous assurer qu’il s’agit du bon moment ? Malheureusement, ce “bon moment” tant questionné et recherché n’existe pas. Ou du moins pas comme un marqueur absolu que nous pourrions repérer. En revanche, nous pouvons bien mieux déterminer si ce changement n’arrive pas trop tôt ou trop tard.

Depuis maintenant trois ans, Marine travaille dans une agence de communication. Son portefeuille est constitué de plusieurs clients pour lesquels elle gère leurs relations presse et organise divers événements. Mais un lundi, cette jeune trentenaire a reçu un email que ne l’a pas laissée indifférente ; une offre d’emploi d’une autre entreprise. Des propositions, Marine en a déjà reçu plusieurs. Mais celle-ci, elle envisage de l’accepter “pour changer d’environnement”, explique-t-elle.

Guillaume est quant à lui salarié dans un cabinet de conseils depuis plus de huit ans. Tout juste embauché après ses études de droits, il a peu à peu gravi les échelons jusqu’à faire partie du comité de direction. Pour lui, pas de proposition dans sa boîte mail, mais une profonde remise en question sur sa situation professionnelle. “Je m’ennuie, j’aspire aujourd’hui à autre chose”. 

Comme Marine et Guillaume, nous sommes de plus en plus nombreux à nous questionner sur notre situation professionnelle, et surtout, à vouloir changer. Que ce soit pour un nouveau poste, une nouvelle entreprise ou bien un métier qui nous correspondrait davantage. La crise sanitaire a d’ailleurs exacerbé cette volonté de changement. En France, 7 salariés sur 10 ont déjà eu envie de démissionner de leur emploi actuel, selon une étude OpinionWay pour Indeed en mai 2022. Et parmi eux, 1 sur 6 y songe souvent, voire tous les jours. 

Mais avoir envie et passer à l’acte sont deux choses différentes. Une question revient alors souvent dans l’équation : est-il vraiment temps de changer professionnellement maintenant ? Est-ce le bon moment pour moi de changer ? Interrogation légitime tant notre monde devient de plus en plus complexe et incertain.

Changer de travail : n’est-il pas trop tôt ou trop tard ? 

En réalité, ce “bon moment” n’existe pas. Nous pourrons parfois dire plus tard que “c’était le bon moment”. Mais nous ne pouvons le savoir ni le déterminer à l’avance. Parfois, il peut y avoir une pure synchronicité entre ce que nous sommes en train de vivre et les opportunités qui se présentent dans notre environnement. Mais encore faut-il la reconnaître et savoir la saisir. La question que nous devons nous poser n'est pas “est-ce le bon moment”, mais plutôt “n’est-il pas trop tôt ou ne sera-t-il pas ensuite trop tard ?”.

Penchons-nous sur la définition du verbe “changer”. Changer signifie avant tout “évoluer, se modifier, se transformer, varier”. Nous changeons POUR quelque chose qui nous fera grandir dans notre manière de travailler, de contribuer et d’interagir avec les autres. Ainsi, ce changement peut être trop hâtif si nous ne sommes pas prêts à modifier notre façon de faire, notre posture face à nos missions. Changer de travail pour répéter les mêmes choses n’a pas vraiment de sens, cela conduira rapidement à une autre remise en question, peu de temps après la prise de nos nouvelles fonctions.

L’idée ici est de s’interroger sur notre situation actuelle : suis-je allé jusqu’au bout de mon évolution ? Ai-je creusé et exploré toutes les possibilités d’apprentissage que pouvait m’offrir mon travail ? Dans certaines entreprises, il est possible d’enrichir sa mission en fonction de ses talents et de ses envies, pour y trouver plus d’épanouissement au quotidien. Nous pouvons alors déjà changer au sein même de notre job.

À l’inverse, il peut être trop tard. Notons qu’il n’est pas question ici d’âge - nous pouvons changer professionnellement à 40, 50 ou 60 ans - mais d’évolution. Ce “trop tard” arrive lorsque nous nous sommes ancrés dans une situation dont nous n’apprenons plus rien : l’obsolescence professionnelle.

Définie par Michael Kaufman dans les années 1970, l’obsolescence professionnelle signifie “l’insuffisance des savoirs ou compétences actualisées nécessaires à un travailleur pour continuer d’être parfaitement performant dans son activité professionnelle actuelle ou future”. Nos compétences sont dépassées ou insuffisantes pour rester utiles. Nous nous sommes également ancrés dans une situation dans laquelle nous ne pouvons plus penser que de façon formatée. Voire, nous nous sommes laissés enfermer dans un cadre étroit ou toxique.

Se comprendre pour faire un choix éclairé

S’il n’est pas trop tôt ou trop tard, alors c’est peut-être UN bon moment. Ensuite, le vrai challenge sera de prendre une décision et surtout de l’assumer. Personne ne prendra notre vie main, et personne ne pourra décider à notre place s’il est temps de partir vers d’autres horizons. Nous ne pourrons jamais savoir si le moment actuel est le plus opportun. En revanche, si nous changeons trop vite ou que nous tardons trop, nous en paierons les conséquences. Ne cherchons pas LE bon moment, mais sachons décider lorsque cela semble être un moment opportun pour ce vers quoi nous souhaitons évoluer.

Changer professionnellement est une démarche qui demande du courage, mais donc, aussi et surtout, une parfaite connaissance de soi. Que souhaite-t-on réellement ? Qui veut-on être ? Vers quoi veut-on aller ? Nous ne pouvons prendre une décision éclairée qu'en se connaissant soi-même. 

Et c’est ainsi tout l’enjeu du programme de Self-Leadership, un voyage personnel dont le premier but est la découverte de soi.

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